Acéphale






Acéphale
Peinture acrylique sur contreplaqué,
aluminium, bois et monument équestre
550 x 300 x 400 cm
2019
Eglise des Petits-Augustins,
ENSBA, Paris








Peinture vermiculaire I
Peinture acrylique sur polyamide et coton
230 x 360 cm
2019
Eglise des Petits-Augustins, ENSBA, Paris

Peinture vermiculaire II
Peinture acrylique sur polyamide et coton
289 x 310 cm
2019
Eglise des Petits-Augustins, ENSBA, Paris

Peinture vermiculaire III
Peinture acrylique sur polyamide et coton
278 x 130 cm
2019
Eglise des Petits-Augustins, ENSBA, Paris

Peinture vermiculaire IV
Peinture acrylique sur polyamide et coton*
330 x 174 cm
2019
Eglise des Petits-Augustins, ENSBA, Paris



Acéphale
2019
La Chapelle des Petits-Augustins
Beaux - Arts de Paris


La nécessité de se confronter au monde formel
de valeurs expressives préexistantes – qu’elles soient présentes ou passées – constitue, pour tout artiste désireux d’imposer sa manière propre, une crise décisive.
Aby Warburg, L’Atlas Mnémosyne, trad. Sacha Zilberfarb, Paris, Éditions de l’écarquillé/INHA, 2012, p. 56.

L’ancienne église des Petits-Augustins, un espace mnémotechnique. En rentrant dans l’Ancienne église des Petits-Augustins, on se retrouve face à un dispositif qui a aussi été conçu comme un outil. L’église déchristianisée abrite des moulages et des copies de tableaux, parmi les œuvres les plus remarquables du Moyen Âge et de la Renaissance. On pourrait parler d’une histoire de l’art composée de fragments hétéroclites, qui s’articulent grace à un système de convergences2, de forme rhizomatique plutôt que linéaire. Cet espace kaléidoscopique, qui se présente comme un vaste atlas déployé sur les nefs, a été un lieu d’exercice et d’étude pour la pratique de la copie3. Il s’agit d’un lieu de monstration exceptionnel qui réunit dans un seul volume des œuvres d’art, des copies et des fragments archéologiques. Des moulages d’après Michel-Ange4 aux fragments provenant de la cathédrale de Rouen, de Saint-Denis ou de la cour carrée du Louvre, des vestiges de la façade du châteaux d’Anet aux moulages provenant du cimetière de Kirk-Braddan sur l’Île de Man, tous semblent, dans leur monstration, vouloir brouiller la vision et exploser une possible lecture linéaire pour proposer une vision simultanée. Cette espace nous force à une lecture de l’histoire par récits multiples. On est toujours dans le goût pour la ruine et le postiche, le collage y survient d’une façon décontractée. Par moments, comme s’il agissait des morceaux entreposés d’une fouille pas trop intéressante, une fouille qui descend par strates dans le sol, on a l’impression de voir résumer toute une série d’objets de provenance hétéroclite. On a l’impression de participer à un exposé d’Aby Warburg, les reproductions photographiques prennent volume sur le mur et le fond noir devient ici le rouge pompéien de la chapelle. On peut faire un effort et regarder le vide entre les fragments, penser ces interstices comme le lieu de passage d’un réseau qui les interconnecte. Les potentiels récits (qui naissent du tissage des relations entre les fragments) saturent encore d’avantage cette espace chargé. L’hypothèse que cette monumentale boîte mnémotechnique puisse renverser sa fonction et mettre en place un processus d’oubli5 (art oblivionalis) (et d’effacement par palimpseste par superposition), ouvre un nouveau potentiel dialogue.

1 Voir Umberto Eco et Marilyn Migiel, An Ars Oblivionalis? Forget It! PMLA, Vol. 103, No. 3 (Mai, 1988), p. 254-261.
2 « L’histoire de l’art officielle n’est certes pas habituée à considérer conjointement les différentes conceptions – orientale et astrologique, nordique et courtoise, italienne et humaniste – de l’antiquité comme des composantes convergentes de ce processus de formation du nouveau style. » Aby Warburg, L’Atlas Mnémosyne, Écarquillé – INHA, 2012, p. 57.
3 Art à part entière, la copie, surtout de peintures, est enseignée depuis le 17ème siècle.
4 Thiers créa dans l’École des beaux-arts un sanctuaire de moulages dédié à Michel-Ange. Cette collection révéla les affinités entre la terribilità de Michel-Ange et le romantisme politique et irréligieux de Stendhal et Michelet. Emmanuel Schwartz, « Du plâtre et de la poésie. Les moulages d’après Michel-Ange à l’École des beaux-arts de Paris », In Situ [En ligne], 28 | 2016.
5 « (...) Klaus Herding en a proposé une typologie, distinguant le remplacement des signes ou des inscriptions sur les monuments, leur changement d’appellation ou de dédicace, la transformation ou le remplacement d’œuvres entières, l’inhumation, la décapitation ou le bannissement des statues, traitées comme si elle étaient des per- sonnes réelles, le déplacements des monuments, quittant la place publique pour investir des lieux spécifiques –tels les musées, qui possédaient leur propre aura- et enfin l’anéantissement. (...) Richard Wrigley a légitimement insisté sur l’importance des transformations et réutilisations, proposant d’appliquer à cette catégorie le concept de « rature » de Jacques Deridda. (*Wrighley Breaking the code art.cit. p. 185.) » Dario Gamboni, La destruction de l’art, Iconoclasme et vandalisme depuis la Révolution française, Les presses du réel, Paris, 2015, p. 50-52.




Sir John Soane’s Museum,
The sarcophagus of Seti I in the Sepulchral Chamber in the centre of the “Museum” at the back of the house,
as shown in the Illustrated London News in 1864*



Carlo Scarpa
Musée de Castelvecchio réaménagement du musée
1957-1974
Vérone, Italie



Funérailles de M. Albert Lenoir
1891
École nationale supérieure des beaux-arts, Paris



Hubert Robert
La Violation des caveaux des rois dans la basilique de Saint-Denis, en octobre 1793, Vers 1793, Musée Carnavalet


Dario Gamboni, La destruction de l’art, Iconoclasme et vandalisme depuis la Révolution française, Les presses du réel, Paris, 2015


Marcel Duchamp
Rotative, plaques, verre
1920



Pablo Picasso, Guernica, Salle des Cariatides, Palazzo Reale Milan, 1953, Photo René Burri, Installation de Gian Carlo Menichetti et Attilio Rossi


EUR, Palazzo della Civiltà e del Lavoro,
travaux de construction, 1938, Rome


Anni Albers
Dessin pour tapis
1959
incre et crayon sur papier